Visages de Madagascar

Nous sommes arrivés hier au soir dans la brume et la pluie, nous avons l'impression de pénétrer la jungle tropicale, un nouveau pays en quelque sorte... Nous sommes arrivés à notre bungalow dans la nuit noire, et nos lampes frontales sont bienvenues, on s'installe dans une sorte de chalet de montagne, étrange ...

Ce matin, rendez-vous pris avec notre guide conseillé par Lalah, qui est venu prendre une bière hier au soir et nous indiquer notre itinéraire pour demain.

Ici, tout est balisé, pas de randonnée dans le parc sans un guide et en suivant les chemins aménagés ...

Nous nous enfonçons dans la forêt tropicale à la découverte d'une flore généreuse en espérant rencontrer quelques lémuriens... Les fougères nous entourent et nous avons pris soin, sur les conseils de notre guide de coincer notre pantalon dans nos chaussettes, les sangsues attaquent ... Une odeur de chlore nous chatouille les narines, il s'agit d'un champignon qui dégage cette odeur nauséabonde ...

Soudain, un sifflement, notre guide nous fait signe de nous taire, il reproduit ce cri étrange, nous désigne la cime des arbres, nous avançons en silence, les lémuriens sont au-dessus de nos têtes ...

Il nous faudra encore quelques minutes pour les distinguer et les apercevoir, notre nuque est douloureuse à force de tendre nos têtes vers le haut ...

Ils sont là, boules de poil, agiles, sautant d'arbre en arbre, ils paraissent si fragiles, les suivre nous amène à grimper à travers la forêt ... Nous en apercevrons 4 espèces différentes : des gris, des noirs et blancs, des rouges et des marrons, j'ai oublié leurs noms ...

Il y a tellement d'espèces différentes à Madagascar et surtout endémiques, elles n'existent nulle par ailleurs !

Ce matin, la lumière du jour naissant m'a réveillé très tôt ... Il est 5H du matin ... Le soleil n'est pas levé, j'enfile un t-shirt et un pantalon, je prends l'appareil et me glisse dans la fraîcheur matinale . Dehors tout est silence cotonneux, et pourtant ... Les malgaches se lèvent tôt, très tôt même : la ville se réveille, les enfants font un match de foot avant d'aller à l'école, une femme ramène l'eau pour la cuisine du jour ... et les couleurs du ciel embrasent tout le ciel alentour. Lever de soleil bu, minute après minute, 5H30, le soleil est levé, je file me recoucher pour une petite heure, le sourire aux lèvres.

Ce matin je pars en balade ... Mat est barbouillé, il préfère se reposer et moi j'ai rendez-vous avec Touky pour une petite randonnée de 2-3H vers une cascade. Nous sortons de la ville et prenons les petits sentiers entre les rizières, chacun s'active à sa tache, lessives, plantations, un groupe de villageois travaille à la restauration de la piste qui mène à leur village, ...

J'ai vraiment le sentiment de m'enfoncer dans le pays malgache et les paysages de rizières autour de nous sont magnifiques, petit à petit nous nous élevons au-dessus d'Ambositra de l'autre côté de la vallée.

Je discute avec mon guide, Touky, un jeune garçon débrouillard, au sourire malicieux. En chemin, je prends des photos des personnes croisées, je promets d'envoyer les photos à Touky pour qu'il les leur transmette. Nous rencontrons un apiculteur qui nous fait goûter son miel à même la galette de cire, c'est doux, sucré et amer car ce n'est pas la saison, ça colle aux doigts, la vie parait simple...

Arrivés à la cascade, toute la vallée s'étend sous nos pieds , le temps d'une cigarette, il est temps de repartir, Mat et Lalah m'attendent pour partir en direction de Ranomafana. Touky me propose d'aller visiter un atelier de tissage de soie, j'accepte.

Pour vous donner un aperçu du décalage qui existe entre Madagascar et notre monde occidental, j'ai cru un instant, quelques secondes que c'était un attrape-touristes, une histoire montée de toutes pièces ... Cette femme récolte les cocons de vers à soie sauvage dans la forêt ... Les fait bouillir, file le fil du bout de ses doigts à l'aide d'une quenouille sur sa cuisse, leur applique des teintures naturelles aux couleurs si fortes, et enfin tisse ces fils en écharpes fines ... Traditionnellement, la soie était tissée en linceuls pour les cérémonies funéraires, le tourisme a développé l'activité ... Transformation de la soie

Après avoir remercié Touky et promis d'envoyer les photos, nous prenons la route pour Ranomafana , je regrette de ne pas être restée quelques jours à Ambositra et de ne pas avoir pu découvrir le pays zafimaniry. La prochaine fois, on prévoiera la halte, avec plusieurs jours de marche ...

Après une halte au marché d'Ambohimahasoa où les gens de la région s'habillent avec des couleurs très vives voire fluo, nous faisons la route jusqu'au parc de Ranomafana.

Nous entrons dans la "rain forest", forêt tropicale, sombre et humide, verdoyante... Le film sur Dian Fossey, "Gorilles dans la brume" me revient en mémoire ... mais ici ce sont les lémuriens qui se cachent dans cette forêt touffue.

A l'occasion de notre déjeuner à Ambositra, un couple s'installe à notre table (le restaurant propose de grandes tablées !), en tenue de cycliste alors qu' un groupe de russes martyrisent leur guide malgache qui leur parle anglais ... Je n'ai jamais vu une telle grossièreté ...

Nous engageons la conversation sur le temps d'attente des plats ...En effet, il faut savoir qu'à Madagascar, l'idéal est de commander parfois jusqu'à une demi-heure à l'avance ... Il ne faut pas être pressé ici ... tout se prépare à la commande, pas vraiment de frigo et tout est frais (enfin aussi frais que sur le marché ;-)) et Andreas le cycliste est affamé ! et pour cause ils viennent de parcourir la même étape que nous mais en vélo depuis Antsirabe !

Ce couple de triathlètes suisses allemands s'entraîne à Madagascar ... Ils ont préféré aux 2 semaines d'entrainement en Espagne avec leur équipe, faire le voyage à Madagascar ! Ils ont décidé de joindre l'utile à l'agréable et s'entrainent sur les routes de Madagascar ! Au programme, Tana - Ifaty, soit près de 800 kms (impossible de trouver les distances réelles ...) en 2 semaines à la force des mollets ... Ils sont fous ces suisses !

On discute parcours et on demande des renseignements à Lalah sur l'état de la route selon les étapes , ils sont tout heureux d'apprendre que la route a été aménagée sur le parcours du lendemain ...

Rencontre bien sympathique, nous les recroiserons plusieurs fois sur notre parcours (au Parc Ranomafana et à l'Isalo), j'espère qu'ils auront réussi leur dernière étape de 150 kms entre Ranohira et Ifaty; Yollande avait peur des 25 derniers kilomètres de piste vraiment cahoteuse...

C'est dommage, nous n'avons pas eu le réflexe de prendre leurs coordonnées, j'espère qu'ils tomberont peut-être par hasard sur ce blog ? qui sait ? ...

Pour notre étape à Ambositra (Ambouschtrrrrr, oui oui vous suivez bien), nous avons trouvé une chambre à l'hôtel Mania, en plein centre-ville, un immeuble sur 3 étages, avec des chambres simples (on a rapproché nos 2 lits ...), une petite salle de bain, et un petit déjeuner désormais habituel, un café ou un thé , des tartines, du beurre, de la confiture de "pok pok" (Physalis alkekengi ) ou de goyave.

Pour notre déjeuner, pour le choix ce n'est pas compliqué, on déjeune à l'hotely ny Tanamasoandro, le seul restaurant en ville, l'autre étant sur la route de Fianarantsoa en dehors du village... On déjeune très bien sous l'oeil d'une tête de zébu ...

Je suis servie en premier et les brochettes de Mat tardent à venir, nous nous demandons si les 2 brochettes que je viens d'entamer sont à partager ou pas ... Finalement, après une longue attente, Mat réclame son plat et le serveur s'apperçoit qu'il a oublié sa commande ... Quand on connaît Mat quand il a faim, on craint le pire et on imagine son humeur ... Pourtant il reste zen ...c'est bon les vacances !

Brochettes grillées de zébu avec du riz et du rougail (tomates en dés, gingembre, cive, citron)

Banane flambées au rhum ... la dose est corsée ... je sens qu'on va faire la sieste...

Nous dînons dans le même restaurant qu'à midi ... et pour cause ..

Ragoût de porc pour moi (en bouilllon avec à part riz et brèdes) et poulet grillé / coca périmé pour Mat...

Fou rire avec le serveur ! Il prend la commande, oublie nos boissons, quand on le lui rappelle, il met un doigt sur ses lèvres... Clin d'oeil complice, j'ai remarqué que la patronne n'est pas commode ! Sac  à main sur l'épaule (ou plutôt la caisse du restaurant), elle houspille les serveurs (à qui elle a fournit de délicieux tabliers rose layette) et conserve précieusement la clé du frigo ... d'où des passages épiques, à chaque fois que les serveurs veulent récupérer quelque chose dedans et qu'elle n'est pas là ... d'où peut-être les oublis fréquents (cf notre déjeuner^^) Nos boissons arrivent, mais c'est une grande bouteille de THB (si vous suivez bien Three Horses Beer) alors que j'ai commandé une petite, comme il l'a ouverte, je dis que ce n'est pas grave mais notre ami tient à nous montrer qu'elle est intacte, renverse la bouteille et déverse la bière sur la nappe ... fou rire partagé  !

Nous rentrons doucement après la pluie ...

Prononcer Ambouschtrrrr , imprononçable ... le son "tr" en malgache est imprononçable, un mélanche de che de tre mais en un seul son ...

Ce matin, nous profitons d'Antsirabe avant de prendre la route pour Ambouschtrrrrr ;-)
Le grand hôtel des Thermes rappelle que la ville a été une riche ville coloniale, un hall et un parc immenses, une piscine, une architecture art nouveau avec un mélange revival années 70 ... La terrasse et ses serveurs ont l'air de sortir d'un film d'époque ou du "dernier roi d'Ecosse" ... On imagine les rallyes organisés à l'époque devant l'entrée de l'hôtel ... Dans cette enceinte, les fantômes du passé sont toujours là. Les russes ont remplacé les colons ...

Pendant que Lalah décharge sa carte numérique dans un petit labo, j'observe les pousse-pousses qui se mèlent aux vélos, aux piétons et aux mini-bus ... Antsirabe est vraiment la ville des pousse-pousses et chacun emprunte ce moyen de locomotion comme on emprunte les taxis à Paris ... D'ailleurs on en trouve des miniatures partout ... à l'origine de ces créations, un monsieur Mamy qui a étudié comment les fabriquer avec 0 moyen ... canettes de soda, fil de pêche, armature métallique de pneus, canules d'hôpital recyclées, tout est récupéré pour réaliser une miniature plus vraie que nature ...

Antsirabe est aussi la ville de taille des pierres précieuses et semi-précieuses que l'on trouve à Madagascar, à part le diamant, Madagascar est un vrai gisement ! Aigue marines, saphirs, émeraudes, rubis, améthystes, citrine, tourmaline, jade, cristal de roche, bois fossilisé ...

Enfin, nous quittons la ville par une petite route quelques fois chaotiques ...

La vie est toujours présente le long des routes, comment laisser défiler le paysage sans s'arrêter ? Comment ne pas vouloir imprimer tout cela dans la boîte à images ?

Alors on s'arrête, Lalah devine même quand ... quand je cadre avec l'objectif, quand je m'extasie sur le paysage, ...

On croise des paysans ballots de riz sur la tête, des écoliers qui sortent par centaines de l'école et parcourent plusieurs kilomètres avant de rentrer chez eux, des gardiens de zébu ...

C'est l'époque des récoltes sur les Hauts plateaux et tout le monde s'affaire dans les rizières et le riz sèche partout au bord des routes (ce qui nous vaudra de croquer des petits cailloux parfois ... dentiers d'abstenir ^^)

Toujours le sourire présent aux lèvres ...

La vie a l'air si paisible, tableaux bucoliques d'une vie pourtant si rude ...

Les passages dans les villages sont épiques ! On évite les poulets qui zigzaguent en liberté et tout être humain qui se retrouve sur la route, autant dire tous de 1 à 55 ans en moyenne (l'espèrance de vie n'est pas bien longue ici et ce n'est pas dû aux véhicules sur la route ...).

Madagascar est le 1er consommateur de riz au monde ... un repas sans riz est inconcevable pour un malgache , c'est l'équivalent de notre baguette et Lalah, notre chauffeur ne peut vraiment pas s'en passer ... même au petit déjeuner !

"En dehors de l'Asie, Madagascar est l'une des plus anciennes régions de riziculture.
Les systèmes de production de riz aquatique sont bien développés et les rizières
en terrasses sont fréquentes le long des routes entre Antananarivo et Antsirabe.

La culture du riz s'observe dans tous les districts du pays. La campagne de riz principale dans la région des hauts plateaux dure d'octobre à mai.Le riz est l'aliment de base
des habitants de Madagascar. La consommation de riz par tête d'habitant au cours
de l'année 2000 s'est élevée à 140 kg de riz cargo.

De nombreuse familles consomment du riz trois fois par jour, et il est indigène dans la plupart des cas. " (source : http://www.fao.org)

Nous arrivons enfin à Ambositra, où nous nous installons à l'hôtel Mania, nous sommes installés au 3ème étage en plein centre-ville.

Après notre longue pause déjeuner (cf rencontre avec 2 suisses triathlètes), nous faisons une balade à travers la petite ville. Partout les cris des enfants "Salut Vazaha !" "Bonjour Vazaha !" (je sais que je me répète mais c'est vraiment la phrase que nous avons le plus entendu à Mada et les sourires qui les accompagnaient me réchauffent encore) . On répond "salama !" ou "bonjour" et cela les fait rire ! On nous réclame souvent des bonbons...

Les petites échoppes se succèdent, la viande est à même l'étal, livrée à la poussière et aux mouches ... (je ne pense pas aux brochettes que je viens de manger heureusement !). Comme dit Mat, quand on voyage il ne faut pas avoir d'imagination devant son assiette ... Quelques fois les étals sont à même la terre. On trouve beaucoup de fruits et de riz, en quantité et de toute sorte .

Un homme s'approche de moi et essait de me prendre mon appareil photo tout doucement, Mat le repousse de la même manière et j'accèlère le pas. Tout s'est passé au ralenti ... Certains me font signe qu'il est fou d'un doigt sur la tête et je souris en leur faisant comprendre que ce n'est rien, nous passons notre chemin, l'incident est clos. Pas d'agressivité ici ...
Nous poussons jusqu'à la station de taxi-brousse à la sortie de la ville où la foule se presse et où l'arrivée du taxi provoque la cohue. En effet, premiers montés, premiers partis, quand il n'y a plus de place (et pourtant on bat des records de surcharge, bien souvent la porte arrière n'est pas fermée...), il faut attendre le prochain, la nuit tombe, ce sera peut-être pour demain ...

Nous croisons les écoliers qui sortent de l'école, tous essaient leur français, je perçois parfois leur ricanement moqueur quand ils nous hèlent mais le sourire est sur toutes les lèvres ...

Mise à jour à venir sur la fin de journée à Ambouschtrrrrr , les pelloches ne sont pas encore développées et j'avais basculé en argentique ce jour là ^^ Des photos du marché, des visages croisés, des discussions en langue unique de part et d'autre ... et des sourires toujours !

Antsirabe n'est pas une ville comme les autres, avec un passé colonial très fort, cette ville thermale surnommée la "Vichy malgache" est très agréable. Peu de voitures, Antsirabe est la capitale des pousse-pousses; des maisons coloniales, de larges avenues, on se sent à la campagne.

Nous avons beaucoup aimé cette ville, surtout Mat qui rêvait devant le grand hôtel des Thermes, un palace des années 1900.

Nous aurions aimé nous y attarder davantage et pousser jusqu'à Betafo sur la route des lacs, les paysages aux alentours sont magnifiques ...

Gîte : La Résidence sociale et Dîner : Les Agapes

Juste une petite note ... Nous avons été surpris de découvrir du foie gras à Madagascar et excellent !

Pour notre dîner aux Agapes, nous nous laissons tenter par :
- un velouté de potiron au foie gras et un magret de canard au poivre vert
- une tranche de foie gras et un magret de canard au poivre vert

N'allez pas croire que nous nous sommes lâchés ... Le plat est à 10 000 Ariary soit 4 euros et l'entrée à 5000 Ariary ...

Nous faisons connaissance de notre chauffeur Lalah. Jolie frimousse rieuse, Lalah a un visage indonésien poupon.
Il n'arrête pas de parler, avec un petit roulement de r et les s ou c se transforment en ch ...

Nous quittons Tana et notre route commence en direction d'Antsirabe. Bien sûr je demande à m'arrêter souvent, la foule ne diminue pas sur le bord des routes et j'ai toujours peur qu'on écrase quelqu'un. Le long des cours d'eau c'est Dimanche, jour de lessive et le linge sèche étalé sur l'herbe de la berge. On aperçoit les rizières alors même que nous n'avons pas quitté Tana, des étendues vastes, vertes, étendues d'eau brillante...

Enfin nous sommes en pleine campagne, la route est belle, les montagnes encadrent majestueusement les rizières en espaliers...

L'activité est présente partout ... Chacun s'affaire, on récolte le riz, on le transporte sur la tête par ballot, les enfants gardent les zébus dans les champs ou les rizières alentour, d'autres pêchent les pieds dans la rizière, ... Partout on nous accueille avec un "Bonjour Vazaha !" rigolard ... des centaines de sourires et de bras levés en guise de salut ... On ne passe pas inaperçus !

Après 3H supposées de route qui se sont tranformées en 4H vu le nombre d'arrêts à ma demande ... , nous arrivons à Antsirabe, une ville très agréable après la bruyante Tana. Nous nous installons rapidement à La Maison de retraite ou La Résidence sociale.

Ancienne maison de retraite pour les vieux colons des années 30, elle n'héberge plus désormais que 6 pensionnaires et met à disposition une dizaine de chambres pour les touristes sur les 350 dont elle dispose. Ambiance désuète des années folles et des colonies et longs couloirs vides d'hôpital... La chambre est immense en 2 pièces avec un mobilier des années 30-50.

Cet après-midi, j'avais prévu que nous louions des VTT pour faire un tour des environs et filer jusqu'aux lacs situés à l'ouest de la ville. IL est déjà 16H, nous avons trainé en route, ébahis par ces premières heures à Madagascar. Le soleil ici se couche aux environs de 17H30 et à 18H30 il fait nuit noire... Nous devons pédaler vite si nous voulons faire notre balade !

La route grimpe doucement mais surement, nous passons entre les échoppes, on retrouve les fruits et légumes, le riz, la viande étalés à l'air libre, les bananes et beaucoup de monde à vélo, certains en costume plus qu'élimé du dimanche, quelle classe malgré cette pauvreté flagrante !

On fait bien rire, 2 vazahas en vélo ! Partout encore ces cris joyeux et les sourires qui les accompagnent... au bout d'une heure j'en ai les larmes aux yeux de ces échanges si simples, de cette joie de vivre qu'on nous communique, à nous occidentaux qui avons oublié qu'un sourire se donne et se rend si facilement ... Certains gosses réclament des bonbons "donne-moi bonbon, vazaha", plus rarement de l'argent mais nous n'avons rien emporté, rien que nos sourires .

Le soleil se couche alors que nous sommes au bord du lac Andraikiba, une petite fille passe un ballot sur la tête, elle a un tshirt de Paris avec la Tour Eiffel, pieds nus et le sourire craintif ... On entend au loin la musique d'une fête de village, un chariot à zébus passe au rythme lourds des sabots ...

On achète quelques bananes au passage car nous n'avons rien mangé depuis le petit déjeuner, tellement pris par la soif de découvrir ce pays, 500 Ariary le kilo soit 20 centimes d'euros ...

La nuit est tombée un quart d'heure après notre arrivée en ville, tout le monde déambule sur la route, il n'y a pas beaucoup de voitures et pas de lampadaires pour éclairer la route, ici lorsque le soleil se couche, il fait nuit noire. Les pousse-pousses nous poursuivent pour nous ramener à l'hôtel alors que nous ne demandons qu'à marcher après notre balade en vélo, les fesses en compote... Comment comprendre cela quand on est un pousse-pousse malgache ? Les vazahas préfèrent marcher alors qu'ils peuvent largement s'offrir les services d'un pousse-pousse ! Comment comprendre que pour nous il est difficile de monter dans ce chariot tiré par les bras d'un homme, pieds nus, sans vélo pour diminuer sa peine ? Comment comprendre que nous préférions marcher alors qu'ici chacun préfèrerait un autre moyen de locomotion, que la marche au bord des routes n'est pas notre lot quotidien ?

On discute du parcours avec Lalah, il nous informe que la route est bien meilleure que prévu surtout entre le parc de Ranomafana et Manakara et qu'on peut donc écourter à Ranomafana et envisager de passer une journée à Manakara au lieu d'une journée sur la route ! Sur le moment on est un peu surpris, un peu sur la réserve aussi, on a bien l'intention de choisir notre parcours ! Nous ne connaissons pas encore bien notre guide et nous ne savons pas si nous pouvons nous fier à lui ... Nous verrons bien une fois sur place , pour l'instant nous ne changeons pas notre itinéraire.

Après un dîner aux Agapes dans une ambiance très "française", nous prenons finalement un pousse-pousse dont nous ne discutons même pas le prix de la course (5000 Ariary soit 2 euros) tant nous nous sentons gênés d'être assis là, tirés par un homme qui court... et pourtant les malgaches ici utilisent ce moyen de locomotion sans arrière-pensée ! Je crois que nous ne reprendrons pas de pousse-pousse...

A Tana, pour nos premiers repas à Madagascar, nous n'avons pas été bien téméraires, nous avons pris nos déjeuner et dîner à l'hôtel Sakamanga qui propose une cuisine simple et savoureuse, dans une ambiance châleureuse.

Au déjeuner : steak de zébu, je suis surprise que la viande soit si tendre et son goût est légèrement plus fort que le boeuf, j'aime ! Accompagné de la bière locale TBH (Three Horses Beer ou Très Honorable Bibine selon Jackie) qui deviendra ma boisson favorite tout au long du voyage avec l'Eau Vive bien sûr !

Au dîner : poulet à la vanille, fin et parfumé ...

Petit déjeuner : ananas frais, jus de fruit naturel, tartines et confitures/miels de madagascar

Arrivée à Tana, il est 4H du mat, nous avons mal dormi et nous sommes tout heureux d'être enfin arrivés.

Visa : 4 personnes pour un tampon ... Le dépaysement commence, chaque tâche pour une personne : préparation du passeport, enregistrement des données, tampon et redistribution (on répond à l'appel en quelque sorte ...)

On prend la route pour Tana ... Première grosse claque, il est 5H30 du matin et ça grouille de monde sur la route ...
Transhumance quotidienne : allers et venues vers le marché, on va vendre ou acheter, paniers sur la tête, troupeau d'oies à la baguette, jogging sur le bord de la route, charriots à boeufs, charriot à homme aussi, balades amoureuses matinales, on zigzague entre tout ce beau monde ! Frayeur d'écraser quelqu'un ! Heureusement nous ne conduisons pas !
20 minutes de ce joyeux cortège et on arrive dans Tana, le marché se prépare : carottes, navets, salades, oranges, empilées en belles pyramides colorées, pièces de viande pendues aux crochets de boucher à l'air libre, j'en ai tellement plein les yeux que j'en oublie de sortir mon appareil !

On s'écroule pour une petite sieste de 2H puis on part découvrir la ville à pied. Aux premiers abords, Tana nous parait difficile, beaucoup de monde, les gens s'attroupent autour de nous, en nous interpellant "Bonjour Vazaha !!" (prononcer Vaza, signifie étranger), on nous tend la main, on veut nous vendre bâtons de vanille et souvenirs ... La pauvreté est flagrante... Je retiens des visages magnifiques, j'ai le coeur serré de refuser à des enfants qui n'ont même pas 8 ans parfois ... Je n'ose pas sortir l'appareil photo, j'ai trop honte de faire étalage de ma richesse à leurs yeux ...Une femme me tend son bébé en réclamant de l'argent... Bienvenue dans le Tiers Monde ...

On s'écarte du parcours "touristique", on se perd dans les rues qui montent et descendent, on s'attarde autour d'une église dans laquelle se prépare un mariage, on écoute les enfants dans la cour qui chantent au catéchisme (chorégraphie assurée !)
Les sourires donnés sont rendus, avec un air curieux, un peu inquiets aussi parfois...

La gorge et les yeux nous piquent, Tana est la 2ème ville la plus polluée après Mexico si on en croit le Petit Futé, mais d'autres voyageurs nous diront que Bangkok est pire ! L'air est vicié, la faute au carburant de mauvaise qualité et aux voitures mal entretenues : on croise un paquet de vieilles Renault, Peugeot, Simca, les 4L font office de taxi !

J'avoue que l'on n'a pas envie de s'attarder dans cette ville, comme premier jour c'est un peu éprouvant ... Nous rentrons à l'hôtel alors que le soleil se couche, il est 17H30, c'est surprenant cette journée décalée. Nous voulons nous reposer afin d'être frais et dispos pour le départ le lendemain.

J'avais oublié aussi de vous dire comment on braque une banque à Madagascar ... Enfin, c'est l'impression que cela nous a donné à chaque fois que nous avons voulu retirer des Ariary. En effet, à part à Tana, tout se pait ici quasiment systématiquement en espèces...il nous fallait donc un petit pécule pour les étapes à venir. Et lorsque vous voulez retirer 80 euros soit 200 000 Ariarys ou 1 000 000 de francs malgaches, ça en fait des billets ... et c'est le montant maximal ... Pour donner une idée, le salaire moyen malgache est autour de 19 euros ...